Moments de grâce
Arts et culture
- Entrevue
Un texte et une entrevue de Nathan Murray. Photos et réalisation vidéo: Shana Warren.
Un sourire ému, une voix qui tremble légèrement, un regard rendu brillant par des larmes retenues à grande peine et une gratitude qu'on devine infinie : Alicia Lorente, artiste-photographe, était magnifique, forte et vulnérable à la fois, lorsqu'elle est montée sur scène à l'invitation de Jacques Saint-Gelais-Tremblay, directeur général du Musée d'art contemporain de Baie-Saint-Paul. Simple et vraie, elle a prononcé tout juste quelques mots de remerciement, adressés aux petites femmes emplies d'affection et de sérénité qui lui faisaient face, aux premiers rangs de l'assistance. Réunies dans la grande salle d'exposition du Musée, les Petites Franciscaines de Marie se sont levées d'un même mouvement, applaudissant chaleureusement celle qui, pendant deux semaines, avait partagé leur vie afin d'en préserver la mémoire. Le moment était beau. Pudiquement, dignement, de nombreuses soeurs ont porté un mouchoir blanc aux coins de leurs yeux, essuyant quelques larmes. Instant rare, instant précieux.
Derrière la photographe, couvrant presque complètement l'un des murs de la vaste salle, une mosaïque de portraits. Magnifiées par le regard ému de l'artiste, toutes les soeurs de la congrégation sont réunies là, en un ultime hommage. Hommage des religieuses à leur demeure de tant d'années et à sa longue histoire, d'abord. Hommage d'une photographe à ces dames au coeur immense qui lui ont ouvert leurs portes, ensuite. Hommage de toute une communauté - celle des habitants de Baie-Saint-Paul, de Charlevoix, de tout le Québec - à ces grandes bâtisseuses et à leur oeuvre immortelle, enfin.
Avec l'exposition Le Temps révélé, on découvre les Petites Franciscaines de Marie dans leur intimité, se plaît à dire Jacques Saint-Gelais-Tremblay. Dans leur humanité, plutôt, aurait-on envie de répliquer. Une humanité ordinaire, quotidienne, désarmante de simplicité : l'humanité tranquille et généreuse des files d'attente à la cafétéria, des repas pris en commun, des prières solitaires, des heures de travail à la Procure ou à la buanderie; celle des chant choraux, des cérémonies religieuses, des fêtes et des jubilés; celle des postures, des traits, des sourires et des regards ; celle des tâches du jour et du jour qui finit. Cette humanité, Alicia Lorente l'a côtoyée, elle s'en est imprégnée ; elle a su l'immortaliser et la fixer sur pellicule, avec vérité et sensibilité. Ses photos sont autant de prières intimes, d'actes de foi. Tous s'y retrouveront : l'oeuvre comme les sujets qu'elle dépeint touchent à l'universel.
Alicia Lorente a derrière elle une longue carrière de photographe. Une vocation, même, pourrait-on dire, apparue dès l'enfance, bien vite affirmée. Au fil des ans, on l'a vue photographe de mode, portraitiste, photographe documentaire, peintre même, après une rencontre marquante, qui lui fit l'effet d'une révélation. En photo, on lui doit notamment une série fameuse sur les toreros, ces farouches héros de la corrida espagnole. Serge Murphy, commissaire de l'exposition, a souligné l'improbable parenté entre les deux thèmes, le taureau et l'arène d'un côté, la prière et le don de soi de l'autre. Deux mondes qui sont plus d'autrefois que d'aujourd'hui. Deux mondes mettant en scène des âmes fortes, plus grandes que nature. Deux mondes traversés d'une sorte de transcendance, somme toute bien peu moderne, mais au fond profondément humaine.
On ne saurait nier la force tranquille, impressionnante, des Petites Franciscaines. On imagine bien le taureau courber l'échine devant l'une de ces fringantes bonnes soeurs, vaincu par leur regard doux et pétillant bien plus sûrement que par les banderilles acérées de n'importe quel torero. Il y avait quelque chose de profondément émouvant dans leur présence au musée, dans le fait de les voir là, fragiles mais solides, fermement campées sur leurs jambes usées, regardant en face les ombres de leur passé - leurs ombres. Le mot, pourtant, n'est pas juste, il cache l'essentiel : bien davantage que l'ombre d'un départ, c'est la lumière qu'Alicia Lorente a su saisir, celle qui émane des religieuses, celle qui inonde leur antique maison-mère, celle qu'on retrouvait encore, le jour du vernissage, sur leur visage empli d'une sereine tendresse.
Cette tendresse, on la retrouvait aussi dans la voix d'Alicia Lorente, qui a aimablement accepté de nous accorder une entrevue à l'occasion du vernissage des expositions estivales du Musée d'art contemporain. Elle nous parle de sa passion jamais démentie pour la photo, de son parcours et de ses choix artistiques, de son expérience parmi les Petites Franciscaine de Marie... et s'y révèle un peu.











Vous pourriez aussi aimer
CABANE AU CANADA - Les Chalets SPA Canada

CASINO DE CHARLEVOIX : ULTIME LIEU DE CÉLÉBRATIONS!

PARTY DE FAMILLE DES BIÈRES DE MICROBRASSERIE CHARLEVOIX

SOUHAITS DE BONHEUR DE LA PART DE L’ÉQUIPE GO-XPLORE

Go en Mode...5

Espagnol pour voyager 2019-2020 # 6

La beauté du vin 2019-2020 # 6

Art en direct 2019-2020 # 3

205 Centre-Ville 6 Décembre 2019

La beauté du vin 2019-2020 # 5

Go en Mode... 4

Espagnol pour voyager 2019-2020 # 5

Espagnol pour voyager 2019-2020 # 4

La beauté du vin 2019-2020 # 4

Art en direct 2019-2020 # 2

Regard sur les ciels d’hiver

Art en direct 2019-2020 # 1

Cadeaux de Noël « made in Charlevoix »

Nancy Giguère : album photo inédit

Les 5 restos coups de cœur de l’équipe de rédac pour décembre

205 Centre-Ville 29 novembre 2019

205 Centre-Ville 29 novembre 2019

C'est qui "Pixels & Cie"?

Go en mode...3

Go en mode...2

Go en mode...1

205 cv 22 novembre 2019

Espagnol pour voyager 2019-2020 # 3

Espagnol pour voyager 2019-2020 #2

La beauté du vin 2019-2020 # 3

Musée d'art contemporain de Baie-Saint-Paul
Hommage à Jacques Saint-Gelais Tremblay

Le Poisson de Riopelle à Baie-Saint-Paul

À voir cet été au MACBSP: Borduas

25 ans pour le MAC

Publicité «Le temps révélé»

Pierre Thibault au MACBSP: le retour d'un bâtisseur

Un symposium historique

MACBSP été 2017
